Quatre ans après avoir bénéficié de la première transplantation utérine française, une patiente atteinte d’agénésie utérine due au syndrome MRKH (une naissance sur 4500) a mis au monde une deuxième petite fille le 17 février, a annoncé le service de communication de l’Hôpital Foch de Suresnes où est né le bébé[1].
Le communiqué précise que « la naissance s’est déroulée après 35 semaines de grossesse dans de très bonnes conditions et que la petite Maxine est née avec un poids de 2 kg 550. Maxine et sa grande sœur Misha sont les deux premiers bébés nés après la première greffe d’utérus en France ».
La mère des deux petites filles avait bénéficié en 2019 d’une greffe d’utérus venant de sa mère.
Dans le cadre de ce protocole de recherche mené par l’équipe du Pr Jean-Marc Ayoubi, une deuxième transplantation a été réalisée par la même équipe, en septembre 2022 où une patiente atteinte du même syndrome a bénéficié de la greffe de l’utérus venant de sa sœur.
Pour rappel, la transplantation utérine a été développée avec succès en Suède à partir de 2014, et moins d’une décennie plus tard, il est estimé qu’environ 90 greffes d’utérus avaient été réalisées dans le monde à la fin de l’année 2021, donnant lieu à la naissance d’une cinquantaine enfants.
Ce type de greffe peut répondre « au désir de maternité de femmes ayant une absence d’utérus avec ovaires fonctionnels, soit congénitale (100 à 200 cas par an en France), soit acquise (malformation utérine, adénomyose, hystérectomie d’hémostase ou pour cancer) » , commentait l’Académie de médecine en 2021[2,3,4] avant d’ajouter que pour les femmes ne souhaitant pas renoncer à avoir un enfant, « la transplantation utérine est alors en balance avec l’adoption, engagement de générosité et d’abnégation face à de nombreux obstacles (faible nombre d’enfant à adopter, délais de près de 18 mois, enquêtes et formalités longues, multiples incertitudes), et avec la gestation pour autrui (GPA), interdite en France mais pas dans des pays proches (environ 400 enfants français nés chaque année d’une GPA réalisée à l’étranger) ».
Revenant sur les conditions de réalisation de ces transplantations utérines, l’Académie de médecine avait toutefois souligné les difficultés techniques de la procédure : prélèvement et implantation du greffon, prélèvement ovocytaire, réimplantation de l’embryon, césarienne et hystérectomie secondaire après une ou deux grossesses.
Elle avait également rappelé les questions éthiques soulevées par les greffes utérines au rang desquelles « des incertitudes sur les effets à long terme des immunosuppresseurs pour la mère et l’enfant et sur le développement de l’enfant dans un utérus greffé provenant, le plus souvent, d’une parente proche mais, dans certains cas, d’une donneuse anonyme ».
Des questions se posent également quant au choix de l’origine du greffon car ces derniers peuvent provenir d’une donneuse décédée ou d’une donneuse vivante.
Source : Un deuxième bébé né après une greffe d’utérus en France – Medscape – 6 mars 2023
Références :
[1] Maxine, deuxième bébé issu de la première greffe d’utérus en France, est née ! Communiqué de presse hôpital Foch. 3 mars 2023.
[2] Communiqué Académie de Médecine. Nouveautés en transplantation : le défi des prouesses chirurgicales face aux alternatives. 15 avril 2021.
[3] Rapport de l’Académie Nationale de Médecine (présenté par R. Henrion et J. Milliez). Bull Acad Natl Med 2015; 199, n°6 :921-942.
[4] B.P. Jones et al. Human uterine transplantation: a review of outcomes from the first 45 cases. BJOG 2019; 127:1310-1319.